C'est à une mobilisation à tous les niveaux, digne de la politique du « bond en avant » de la Chine de Mao, à laquelle l'Ile-de-France se prépare. Mercredi, Nicolas Sarkozy dévoilera, depuis la Cité de l'Architecture, les chantiers majeurs du Grand Paris destinés à effacer les décennies de retard prises par la région capitale dans son aménagement autant que dans son organisation institutionnelle, et qui compromettent son développement futur. Forcément multipolaire, compte tenu de l'étroitesse du territoire parisien, ce développement appelle un changement radical d'échelle et d'architecture des systèmes de transports pour accompagner les flux croissants de banlieue à banlieue.
Un chantier gigantesque auquel l'Elysée a décidé de s'attaquer en priorité et qui représente un investissement colossal. « Entre 15 et 20 milliards d'euros », estimait le mois dernier Christian Blanc. Le chef de l'Etat a ainsi fait sien le projet de super-rocade de métro de son secrétaire d'Etat au Grand-Paris. Longue de 130 kilomètres, cette infrastructure ceinturera la capitale au grand large. Pour répondre à l'urgence de fluidifier le trafic, ce réseau entièrement automatique, comme l'est la ligne 14 du métro parisien, futur tronc commun de cette grande boucle, devrait être réalisé en un temps record, de l'ordre d'une dizaine d'années, selon le secrétaire d'Etat.
Ni SNCF ni RATP
Un délai rendu possible par la réalisation de l'ouvrage en souterrain, choix qui allège les procédures d'enquêtes publiques, et par la mise en oeuvre simultanée de plusieurs tunneliers. Autre particularité, il sera fait appel au privé pour financer l'infrastructure et ce, via la procédure du PPP (partenariat public-privé), sur la base d'un contrat de cinquante ans. L'exploitation de ce métro du XXIe siècle, appelé à fonctionner non stop, ne sera confiée ni à la SNCF ni à la RATP, mais à une entreprise ad hoc, indiquait ce week-end « le Figaro ».
Cette grande boucle sera innervée, en grand partie, par les projets, complétés et améliorés, que porte la région Ile-de-France, dans le cadre de son plan de mobilisation sur les transports de 18 milliards d'euros. Parmi ceux-ci figureraient la désaturation de la ligne 13, le prolongement d'Eole vers l'ouest et plusieurs extensions de lignes du métro. Le chef de l'Etat « a reconnu l'intérêt de notre plan de mobilisation qu'il considère comme nécessaire et a par ailleurs évoqué les propositions du secrétaire d'Etat, avec l'affirmation assez claire qu'il n'y avait pas de contradictions entre ces documents», se félicite Jean-Paul Huchon, le président PS du conseil régional, reçu jeudi par Nicolas Sarkozy. Et d'évoquer un nouvel esprit partenarial sur ce dossier des transports, qui sonne comme une armistice dans la guerre de tranchées qui oppose sa collectivité à l'Etat depuis plusieurs mois.
JOËL COSSARDEAUX, Les Echos
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