jeudi 19 mars 2009

CONTESTATIONS PART 1

La tâche se révèle d'autant plus rude que Christian Blanc n'est pas seul à oeuvrer sur le terrain. On le dit même en butte à la résistance passive d'élus locaux et de certains ministres. Notamment de Jean-Louis Borloo, ministre de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement durable et de l'Aménagement du territoire, qui pourtant l'héberge en son ministère, et de Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Tous deux seraient en revanche dans les meilleures dispositions vis-à-vis de Jean-Paul Huchon, président socialiste de la région Ile-de-France.

Cluster scientifique

Christian Blanc ne se décourage pas pour autant. Lui, qui avait solennellement annoncé le 13 mai le lancement « vers la fin de l'année de deux projets structurants » pour la région, a, au vu de sa « feuille de route » initiale, quelque peu revu ses ambitions. Dans un premier temps en tout cas. Il n'en mentionne désormais plus qu'un : Saclay. L'aménagement de la plaine de France au nord-est et la création d'une voie express pour relier l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle au centre de Paris paraissent reportés à des jours meilleurs. L'Elysée confirme l'option. Le 6 novembre, dans un communiqué, Nicolas Sarkozy indiquait que le secrétaire d'Etat a présenté « le projet d'aménagement du plateau de Saclay et l'organisation retenue pour le piloter ». Objectif fixé : développer un « grand cluster [autrement dit un groupe ] scientifique de rang mondial » et « l'activité économique et industrielle issues des laboratoires exceptionnels rassemblés sur ce territoire ». Un projet de loi devrait voir le jour en janvier afin de favoriser la mise en oeuvre de ce chantier. Un « établissement public à la gouvernance spécifique », intégrant l'Etat, les collectivités territoriales, le monde scientifique et le monde économique sera également créé, une manière de « coiffer » la région, qui a ses propres projets.

Deux visions s'opposent, en particulier sur les transports. Christian Blanc envisagerait la création d'un métro qui passerait sous les étangs de Saclay. Jean-Paul Huchon, lui, préconise le développement de transports en site propre-lignes de bus ou de tramway sur voie réservée. A la région, on souligne que cette solution serait « vingt fois moins chère », le coût estimé du métro souterrain se chiffrant à 80 millions d'euros le kilomètre.

Extrait d'un article publié le 20/11/2008 N°1888 dans Le Point


Il est désolant de voir autant d'énergie dépensée sur un projet aussi mal conçu et qui a si peu de chances de voir le jour. Coûteux au moment où l'Etat n'a plus d'argent, centralisateur dans un contexte de décentralisation, bétonneur à l'heure de l'écologie. C'est surtout le mode opératoire qui est contestable. Les clusters se forment à partir d'interactions entre industrie et recherche. On aurait pu trouver mieux que le corps des ponts pour favoriser ces interactions (des entrepreneurs, des chercheurs, des développeurs). Ce n'est pas en créant des logements et des transports qu'on fait dialoguer industrie et recherche. Réciproquement, l'absence de logements et de transports n'interdit pas le dialogue et l'émergence d'un cluster. On devrait mieux regarder ce qui s'est passé dans la Silicon Valley pour savoir si ce modèle est reproductible sous une forme "planifiée". La recette de départ était basée sur des startups, sur la disponibilité de capital risque, la présence de beaucoup de jeunes cerveaux, l'ouverture à une immigration massive de cerveaux étrangers (dimension mondiale du cluster)... Puis vint l'effet boule de neige, les biotechnologies et les énergies renouvelables. La place du béton et du métro dans tout celà ? Néant. La place du génie, de la jeunesse, du capital risque, du marketing, dans le projet Blanc ? Néant. Blanc a tout faux.

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